Chères collègues, chers collègues,

Cette assemblée générale revêt pour moi un caractère particulier à plusieurs titres. Tout d’abord, alors que je préside notre association depuis 10 ans, il y a bien longtemps que la Président de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne ne nous avait fait l’honneur d’être présent. Merci Bertrand de montrer ainsi qu’OPALIM, et surtout ses adhérents, valent désormais pour la profession autant que les autres modes de mise en marché. Ensuite, je suis particulièrement heureux que celui qui a porté la loi EGALIM sur ses fonds baptismaux, soit ici avec nous aujourd’hui pour débattre de sa mise en œuvre. Merci Jean-Baptiste de nous accorder une partie de ton temps que je sais rare et précieux.

Finalement, vos présences respectives sont pour moi le signe que le changement, tant espéré, semble arriver. Je connais, pour y avoir souvent participé sur les réseaux sociaux, les écarts de point de vue qui vous séparent et tout particulièrement sur la filière bovine. Pour autant, je crois que la détermination à œuvrer pour le revenu des éleveurs finalement nous rapproche. Je dirai même nous unie, en tout cas elle préside à la totalité des orientations d’OPALIM.

Encore une fois en 2018, l’élevage allaitant, particulièrement en Limousin, a eu à subir son lot de difficultés et de déconvenues. Inéluctablement c’est la recrudescence des cas de tuberculose bovine, en particulier en Haute-Vienne, qui aura marqué l’exercice passé. Je sais la douleur et la détresse que vivent nos collègues éleveurs dans ces situations. Je connais aussi le peu d’empathie que l’administration et certaines Organisations Professionnelles Agricole font preuves vis-à-vis d’agriculteurs dans la détresse. Le développement de cette zoonose engage à la mobilisation collective, je souhaite que nous puissions pleinement jouer notre rôle avec les Chambres d’Agriculture. Pour les adhérents d’OPALIM qui seraient malheureusement touchés sachez que tous vos techniciens, et en particulier nos deux vétérinaires sanitaires, sont entièrement à votre disposition et mobilisables autant que nécessaire. Au-delà de la tuberculose bovine, les myases sont une vraie épée de Damoclès en production ovine. Et que dire de la présence du loup, avec des victimes ovines et bovines de plus en plus nombreuses, toujours déniée par l’Administration. Le sanitaire et la prédation sont des sujets majeurs pour l’avenir de notre élevage, OPALIM y tiendra pleinement sa place.

L’an passé, la sécheresse a sévi encore une fois, et sans doute plus durement que les années précédentes. Malgré les dispositifs d’aides calamité de l’Etat et de la Région, ses conséquences se font encore durement ressentir sur les finances de nos entreprises, mais également sur l’état sanitaire de nos cheptels. Les conditions climatiques du début 2019, avec du froid et peu de précipitations ne font qu’aggraver la situation. Là également vous pouvez compter sur le service technique pour vous accompagner dans l’optimisation de la production et de la valorisation de l’herbe qui reste notre marque de fabrique et que nous devons pouvoir valoriser.

Au sujet de la valorisation, le niveau des cours de la viande bovine l’an passé, le plus faible des 4 dernières années, laisse plus que songeur sur notre capacité collective à rendre cette activité rentable. La loi EGALIM était sensée nous apporter de réelles solutions sur ce sujet. Or, malgré la détermination des coûts de production par l’interprofession à un niveau relativement acceptable, les résultats des premières négociations commerciales sont particulièrement décevantes et n’apportent rien en matière de rééquilibrage des marges entre l’amont et l’aval.

Peut-être, sans doute même, avons-nous trop attendu de cette loi ? En effet je ne crois pas que le législateur puisse se substituer aux parties dans une négociation commerciale. Pour autant cette loi, en ne portant que de grandes orientations, n’est pas à la hauteur des attentes du terrain.

La question de la contractualisation est au centre de la problématique, EGALIM y engage, mais n’y contraint pas. Par contre elle conduit à faire évoluer nettement le mode de fonctionnement de nos associations, producteurs et commerçants réunis. Elle est d’ailleurs la raison de la disparition statutaire du collège acheteurs. Cependant ces relations contractuelles qui donnent de la visibilité et de la sécurité de rémunération et d’écoulement sont aujourd’hui indispensables aux partenaires que continueront à être éleveurs et acheteurs. Afin de préserver ce fonctionnement sain je souhaite proposer à nos marchands de constituer ensemble avec OPALIM une structure. Il ne s’agira pas d’une OP mais d’un lieu d’expression des atouts et des besoins de la filière et de construction de solutions pour les satisfaire. Dans cette logique, le marché au cadran arédien, qu’OPALIM porte et soutient depuis le premier jour a toute sa place. C’est un outil, parmi d’autres, qui doit être au service des éleveurs et des acheteurs, OPALIM en sera le garant.

Concernant les atouts, nous devrons collectivement mettre en avant nos modes d’élevage à l’herbe et le bien-être animal. Je compte d’ailleurs sur le plein soutien de nos Chambres d’Agriculture pour nous aider à créer et valoriser cette marque de fabrique. Je l’ai déjà dit et écrit nous devons également nous emparer de l’Agriculture Biologique et de la certification Haute Valeur Environnementale.  En effet dans un contexte national de diminution de la consommation de viande, et de segmentation toujours plus importante des marchés, c’est bien l’adéquation à la demande du consommateur qui doit nous guider. Le signe officiel de qualité modèle unique pensé dans les années 80 est dépassé. Pour valoriser et vendre nos viandes nos modes de démarcation doivent être multiples. Il nous est indispensable de nous adapter.

Parmi les marchés à conquérir, ou reconquérir, celui de la restauration hors domicile est évident. Concernant la RHD publique, EGALIM prévoit 50 % de produits locaux, de qualité ou en circuit court dès 2022. OPALIM les Viandes a notamment été créée dans cet objectif. En sommeil depuis 2017, désormais que les règles sont connues, la belle endormie doit se réveiller pour jouer pleinement son rôle dans la satisfaction de la demande de la RHD publique. C’est l’objectif que nous devons nous fixer ensemble pour les 2 ans qui viennent.

Pour autant, en production bovine nous ne devons pas oublier que 50 % des animaux commercialisés sont des mâles. Les cours montrent que la voie maigre a toute sa légitimité, la démarche BROUT’OR que nous lançons aujourd’hui tout autant que le cadran arédien sont des outils de dynamisation, mais quid demain si notre statut sanitaire ne permet plus l’export. De plus, n’oublions pas qu’environ 1/3 des mâles sont aujourd’hui finis sur le territoire sans pour autant trouver pleinement leur rentabilité. Je crois que nous devons pleinement profiter de l’ouverture du marché chinois. En effet la Chine, avec plus d’un milliard de bouches à nourrir et une élévation nette du pouvoir d’achat, est une opportunité que nous devons saisir. L’ouverture des « routes de la soie », notamment ferroviaire au départ de l’Allemagne, est une aubaine à saisir immédiatement. Pour ma part j’ai déjà reçu ici à Limoges, et au salon de l’agriculture, l’ambassadeur de Chine pour faciliter l’agrément de nos abatteurs. Nous devons aller plus loin, construire la filière, les cahiers des charges et bien évidemment nous assurer de conditions de rémunération.

Les chantiers qui nous attendent sont immenses tant par le travail attendu que par l’espoir légitime qu’ils suscitent pour notre avenir. OPALIM y est prête, et ensemble nous y arriverons.