Depuis plusieurs années, le prix de la paille est très fluctuant en fonction des épisodes de sécheresse. Le nombre d’exploitations autonomes étant limité dans les régions herbagères, les charges liées à la litière peuvent être importantes. Ainsi, nous allons aborder, à travers cet article, différentes alternatives pouvant remplacer ou diminuer l’utilisation de paille.
Bois déchiqueté
Les copeaux de bois sec peuvent être réalisés à partir d’arbres et haies présents au sein de votre exploitation. En général, une tonne de paille peut être remplacée par 4 m³ de bois déchiqueté. Il peut être épandu à l’aide d’un godet ou avec une pailleuse. Les copeaux de bois ont un fort pouvoir absorbant, ils assèchent donc la litière. Cela va améliorer la propreté des animaux et ainsi limiter l’apparition d’éventuelles pathologies. Au niveau du fumier, le compostage est nécessaire pour que le bois puisse se dégrader après l’épandage.
En pratique, la paille peut être intégralement remplacée par du bois déchiqueté ou y être associé afin d’en diminuer la consommation. Dans ce cas, 10 à 15 cm de bois déchiqueté sont mis en sous-couche. Cela va permettre un drainage efficace de la litière, en rendant la paille propre plus longtemps en surface. En plus de la sous-couche de bois déchiqueté, une à deux fois par semaine, on peut également en rajouter en plus de la paille quotidienne. D’une manière générale, quand la paille dépasse les 90€/T, une économie peut être réalisée en remplaçant un tiers de la paille par du bois déchiqueté.
Attention, au niveau de la conditionnalité PAC, l’arrachage de haies ou d’arbres doit faire l’objet d’une autorisation préalable de la DDT. Leur taille n’est autorisée qu’entre le 1er août et le 31 mars.
Le miscanthus
Il s’agit d’une graminée invasive. Parmi ses vingt variétés, il en existe une qui est «hybride», la micanthus x giganteus. Elle a été rendue stérile et ne prolifère donc pas. Elle est résistante au froid et aux épisodes de sècheresse. Cette plante peut se développer sur une grande diversité de sols. Sa taille peut atteindre jusqu’à quatre mètres. L’implantation se fait début printemps, avec une densité entre douze et quinze mille pieds/ha. Il faut compter environ 2 500€ à 3 500€ par hectare pour une durée d’au moins quinze ans. A part un éventuel désherbage les 1ères années, l’utilisation de produits phytosanitaires ne sera plus nécessaire car aucune maladie n’agit sur cette graminée. Le taupin est le seul ravageur attaquant cette plante.
Concernant la fertilisation, l’apport de fumier suffit si le sol ne présente pas de carence spécifique. Sa récolte se fait à la fin de l’hiver avec une ensileuse et il doit être stocké en vrac. Le rendement va de 10 à 20 tonnes /ha. La récolte se fait annuellement à partir de la deuxième ou troisième année d’implantation, en fonction du développement de la culture. Le rendement maximal sera atteint à partir de la cinquième année. La destruction de cette plante pérenne est difficile. Souvent, plusieurs passages mécaniques sont nécessaires.
La mise en place en stabulation peut se faire à l’aide d’un godet, sur une épaisseur de vingt centimètres. Ensuite, il est possible de remuer la litière tous les jours, ou d’ajouter dix centimètres dès que la litière vous paraît sale. Comparée à une litière à paille, la quantité de fumier à épandre sera plus faible.
Pour davantage d’information, vous pouvez consulter le site suivant : https://www.francemiscanthus.org/
La dolomie
Il s’agit d’un amendement basique (pH 7,5 à 8) calcomagnésien, composé à 30% de calcium (Cao) et à 20% de magnésium (MgO). Sa granulométrie apporte un pouvoir absorbant important. Un godet suffit pour sa mise en place. La dolomie peut être placée en sous-couche associée avec un paillage régulier ou alors seule avec réapport régulier.
Le coût total de la litière avec ou sans dolomie est comparable. Cependant, son utilisation comporte plusieurs avantages, que nous verrons dans la seconde partie de l’article.
La paille de maïs
En cas de récolte du maïs en épi ou en grain, il est envisageable de ramasser la paille après andainage. La paille de maïs peut remplacer la paille de céréale cependant, il faut être vigilant sur la qualité à l’achat car un andainage trop bas peut entraîner une quantité importante de cailloux qui peuvent endommager la pailleuse. Attention à son utilisation dans des stabulations de naissances : la litière peut avoir tendance à chauffer.
La balle de riz
Il s’agit d’un coproduit issu du décorticage du grain de riz. Elle peut être stockée en bottes ou en vrac. Sa mise en place se fait à l’aide d’un godet et doit se faire sur une hauteur de quinze centimètres après chaque curage. Au bout d’un mois, il faut en ajouter régulièrement ou apporter de la paille. D’après le témoignage d’un éleveur, cette pratique lui a permis de diviser sa consommation de paille par deux. Le fumier peut s’épandre directement sur les parcelles.
Stabulation économe en paille
Afin d’utiliser moins de paille, une réflexion peut également être faite lors de la construction d’un bâtiment pour que ce dernier soit plus économe. Plusieurs solutions existent :
Le principe est d’écouler les jus et une partie des déjections vers une aire bétonnée, en créant une pente allant 5% à 6% et grâce à la circulation des bovins sur l’aire paillée. Cette aire devra être orientée en face du couloir d’alimentation ou à l’arrière. Elle devra être raclée quotidiennement à l’aide d’un racleur automatisé ou d’un tracteur. Si elle est orientée en face du couloir d’alimentation sans racleur, un système de barrière devra être pensé pour pouvoir bloquer les animaux dans l’aire paillée. Dans le cas d’une surface raclée à l’arrière, elle pourra servir de couloir de circulation… Ce type de bâtiment permettra de diminuer la consommation de paille de quelques kilos par animal et par jour. Cependant, une fosse aux normes devra être créée pour le stockage.